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10 ans de longe-côte vu par Yoann Coëdel.

Cette période hivernale est propice au bilan et à la rétrospection… Et aujourd’hui, mon regard se porte 10 ans en arrière.

Retrouvez Yoann Coëdel, fondateur du club Sports Nature qui regroupe plusieurs activités sportives.

Revenons 10 ans en arrière pour comprendre l’évolution du longe-côte.

C’est effectivement en 2012 que l’aventure a commencé pour moi sous la forme d’une installation professionnelle comme éducateur sportif indépendant. À ce moment, le longe-côte est très marginal, et pratiqué par une poignée de “pingouins” souvent incompris et parfois moqués. On ne parle d’ailleurs pas systématiquement de longe-côte car c’est encore à l’époque une marque déposée et protégée par les sentiers bleus. On parle en effet de gym océan, de marche dans l’eau, d’aquarando ou de marche aquatique

C’était d’ailleurs la discussion partagée avec une longeuse qui descendait avec un petit groupe sur la même plage que moi et mes clients de l’époque. Je lui décris mon activité « d’aquarando » et elle me coupe sans préavis: « mais c’est du longe-côte que vous faites! Pourquoi changer le nom? » j’ai donc dû lui expliquer que je n’ai pas l’autorisation d’utiliser le terme car il est protégé et référencé à l’INPI (c’est depuis devenu un terme générique libre de droit…).

Elle me présente alors un de ses amis qui semble bien connaître son affaire et éclaire donc ma lanterne sur les raisons de cette protection du terme, d’une part, mais surtout d’un concept complet. Je découvrirais quelques années plus tard qu’il s’agissait de Thomas WALLYN. Il s’était bien gardé de se faire mousser sur sa création, pressé d’aller tâter des vagues Atlantiques. Première rencontre qui en dit long sur le personnage, ce nordique humble, calme et tellement attachant! Par la suite, j’aurais le plaisir de le revoir souvent, de discuter longtemps, de travailler même parfois avec, et de l’admirer, toujours!

10 ans donc, que je me bats contre le correcteur orthographique qui veut que nous soyons des rongeurs, des longueurs ou des plongeurs. 10 ans pendant lesquels j’ai vu l’activité évoluer… à tel point qu’il faudrait un roman sur lequel il faudrait s’attarder! Mais restons humble, et observons déjà quelques étapes parcourues :

En 2012, lorsque je parlais de longe-côte (ou d’AquaRando), on me demandait « quoi?! ». D’explications en démonstrations, le discours s’affine et se précise à mesure que l’activité fait parler d’elle. Tantôt dans la presse, parfois à la TV, toujours sur un ton qui partage perplexité, curiosité et ironie…

En 2014, la presse locale m’appelle pendant deux jours! Pour avoir des informations sur l’activité? Non, ça serait trop beau qu’ils s’intéressent enfin à ma petite entreprise… Ils veulent des précisions sur cet accident tragique qui a lieu sur une des plages sur laquelle nous longeons régulièrement. En raison des conditions météo, je n’y vais pas depuis 1 semaineUn autre groupe brave les éléments et le décès qui survient à l’issu de cette sortie agite l’actualité locale et le petit monde du longe-côte. En parlant de l’activité de longe-côte, on retrouvera quelques temps la référence : « Ah oui, c’est le sport dans lequel il y a des accidents mortels ! »

En 2015, la FFR relaie l’association fondatrice « les Sentiers Bleus », pose sa main fédérale sur l’activité et organise les premiers championnats de France à LEFFRINCKOUCKE. Un rendez vous magique, une réussite complète et une date qui fera référence, en ne rassemblant pas que de grands sportifs, mais les pionniers de la pratique du longe-côte en compétition.

À présent, lorsqu’on parle de longe-côte, on retrouve souvent la réponse « Ah oui, je connais, j’ai ma mère qui en fait ! ». Et oui, comme un sport né vieux, le longe-côte renvoie une image d’activité de retraités papotant et barbotant joyeusement… Quand bien même l’entrée en compétition fédérée marque l’entrée de cette activité au rang de sport à part entière.

Les années suivantes voient évoluer la pratique dans tous les sens : d’un point de vue géographique, d’abord avec de plus en plus de clubs sur nos plages françaises mais aussi chez nos voisins méditerranéens ou encore en Allemagne. En terme d’effectif aussi, le nombre de licences gonfle considérablement et le nombre de pratiquants ponctuels et réguliers explose complètement ! En terme de compétences, l’activité bénéficie d’un nouvel élan de formation pour les animateurs, les pro, les entraineurs, les arbitres grâce aux travaux de la FFR. Et sur le plan des compétitions, les championnats s’enchainent mais les formats, le chronométrage, l’organisation évoluent à chaque manifestation. Quand au niveau des compétiteurs, ils s’étoffent considérablement tant du point de vue technique que physique !

La marche (aquatique) est lancée et son aspect compétitif marque un tournant à l’occasion de la démonstration au Jeux Méditerranéens de Plage de 2019.

C’est dans cette phase que les copains de mon âge, qui disaient peu avant qu’il ne pratiquaient pas car c’était un sport de vieux, se mettent finalement à l’eau en autonomie car la pratique compétitive leur semble trop exigeante. Est-il nécessaire de rappeler encore que les niveaux de pratiques se complètent et cohabitent ? Quelle énergie déployée pour faire valoir notre activité comme un « vrai » sport pour certains et convaincre les autres que c’est aussi accessible à tous

2020 et la pandémie du Covid 19 à été un tremblement de terre pour tous, et pour tout un tas de raisons qu’il n’y a pas lieu de développer ici… Mais je crois pouvoir dire que les réouvertures de confinements ont générés un raz de marée dans les rangs de longeurs ! Quoi de mieux qu’une activité en plein air, en groupe restreint, dans un espace délimité seulement par l’horizon ? J’ai en tout cas observé à ce moment-là dans ma structure un emballement sans précédent pour le plein air en général, et pour le longe-côte en particulier.

Nous connaissons depuis un engouement généralisé pour notre activité et une reconnaissance croissante et sans conteste. Il semblerai que le longe-côte s’inscrive désormais dans le panorama nautique, parmi les activités telles que la voile, le surf, la wing, la kite, le kayak ou le SUP… J’entends désormais plus souvent comme réponse à la présentation de mon activité pro « Ah oui, le longe-côte, il faut vraiment que j’essaie ! ». Se croisent alors en séances ceux qui découvrent et ceux qui disent fièrement « J’en fais depuis quelques années déjà ».

Cette évolution est certainement plus rapide que la vitesse à laquelle nous nous déplaçons dans l’eau. Avez vous déjà réalisé que nous pratiquions le sport compétitif le plus lent du monde avec nos pointes à 5km/h ? Mais sa richesse est moins dans le spectaculaire que dans la plénitude ou la dépense énergétique exponentielle ! Quelle qu’elle soit, cette évolution n’est-elle pas grisante et pleine de promesses ?

Donc oui, cette rétrospection est aussi une introspection… à laquelle je pourrais conclure en reprenant la plume fine de mon ami Thomas que « mon métier, c’est d’être longeur ». Il reste bien des choses à bâtir, à structurer, à améliorer, à découvrir encore autour de ce sport…
Mais cela fait 10 ans que je le côtoie, l’enseigne, le pratique, l’anime. 10 ans que j’en mange matin, midi et soir à m’en écoeurer parfois et à en dégouter mes proches depuis longtemps. 10 ans à le décortiquer, l’analyser, le transmettre… 10 ans à encadrer des découvertes, entrainer des compétiteurs, accueillir des familles sur 3 générations ou retrouver des habitués jour après jour.

10 ans à aspirer mes frères, ma femme, mes enfants dans mon sillage, mes collègues, des amis et des clients devenus des amis. 10 ans d’une tranche de vie à se mettre à l’eau par tous les temps, toutes les marées, toutes les lumières, toutes les températures. 10 ans à ne toujours pas supporter ce moment précis de l’immersion, et 10 ans que ce prix à payer est toujours largement récompensé… Alors oui, je repars pour 10 ans et 10 encore pour découvrir de nouvelles plages, de nouveaux longeurs, de nouvelles joies aquatiques et d’autres manques d’envie d’aller à l’eau pour finalement ne pas avoir non plus envie d’en sortir !

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Comment améliorer ses performances sportives grâce au longe-côte ?

L’élément fondamental du longe-côte : Le BNI ou « Bon Niveau d’Immersion » – longeurs.com

Les 10 plus belles plages de longe-côte en France ! (longeurs.com)

Cette publication a un commentaire

  1. Robert Noelle

    Intéressante cette rétrospective.
    Personnellement après avoir apprécié yohanndans une activité d’aquagym c’est très confiante que je me suis mise à l’eau rapidement pour découvrir le Longe côte à la création de “l’entreprise”. Et depuis que du plaisir quel que soit la saison et pour ma part toujours en loisir car la compétition n’a jamais été mon choix. Peu importe, du bien être, du bonheur de vivre cette activité en mer parfois avec des conditions difficiles mais c’est un challenge.
    Merci à cette belle équipe qui au fil des années et quelque soit l’encadrant a su nous motiver et nous donner l’envie d’y revenir toujours et toujours et j’espère pour longtemps encore
    Alors encore 10 ans si la vie me le permet.

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