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Les appuis aquatiques en longe-côte

Si les appuis terrestres sont largement majoritaires dans la progression en longe côte, les appuis aquatiques représentent la partie visible de l’iceberg et distinguent souvent un longeur d’un personne qui marche simplement dans l’eau. Ce geste initié par les membres supérieurs, même s’il est minoritaire en terme d’exigence cardio-musculaire et en terme de propulsion, reste un point technique déterminant qui anime tous les débats depuis les origines de notre sport…

Car le saviez-vous, le longe-côte a été créé par Thomas Wallyn avec une pagaie ! Le développement initial de notre sport s’est largement fait dans un premier temps avec une pagaie double sur le littoral nord Français avant de connaître une déclinaison à main nue en Bretagne et sur la côte Atlantique. Du côté Méditerranéen, qui a aussi rapidement vu le nombre de longeur arpenter des plages plus courtes et souvent plus calmes, ce sont la pagaie simple et la main nue qui ont pris l’ascendant. Entre temps, Thomas, toujours avec une idée cachée sous sa combinaison, a développé ses Longe Up : des palmes de bras…

Tous ces Ustensiles de Propulsion (UP) et bien d’autres se sont côtoyés dans les clubs et en compétition avec des ajustements techniques, des expérimentations successives, des échecs autant que de réussites… Pour aboutir à ce jour à une déclinaison de 3 familles qui définissent 3 techniques différentes mais complémentaires :

  • La longe crawlée : Il s’agit d’un mouvement inspiré de la natation ou de la rame en surf qui consiste à alterner les actions du bras droit et du bras gauche pour assurer une propulsion vers l’avant. Ce geste peut être effectué à mains nues, avec des plaquettes, des gants palmés ou tout autre ustensile qui vise à augmenter la surface d’appui d’une main dans l’eau. Le choix dépend alors de notre objectif (renforcement musculaire, accroissement de l’appui…) et de notre force physique.
  • La longe pagaie : Nous avons ici un geste asymétrique puisque le coup de pagaie propulsif ne se fait qu’un pas sur deux. Pour rétablir l’équilibre, il convient de changer le côté de pagayage régulièrement et de veiller au sens du courant pour que l’action de notre pagaie nous stabilise bien. Le choix d’une pagaie simple peut être motivé par un soucis d’encombrement réduit et de confort pour la main haute qui sera logée sur une olive. Avec une seule pale et un manche plus court, elle est de fait plus légère, et est majoritairement utilisée en compétition. Le changement de côté de pagayage exige une manœuvre hors de l’eau et la perte de propulsion sur quelques pas. Le choix d’une pagaie double ira vers le confort d’une adaptation de la position des mains en fonction de l’état de la mer. Un plan d’eau creux amènera les mains à s’écarter de la pale par exemple. Si elle est plus lourde car plus complexe, le changement de côté est très simple et immédiat. Utilisée un temps en compétition avec une adaptation experimentale puis abandonnée, c’est un UP particulièrement approprié aux longues plages agitées du nord de la France.
Les appuis aquatiques en longe-côte - Longe pagaie
  • La longe palmée : Cette technique est issue de la création des Longe Up (Lien) et mixe finalement les deux autres styles avec un mouvement alterné gauche / droite et l’utilisation d’une surface rigide comme surface de propulsion. Le geste implique une coordination fine au niveau du haut du corps et sollicite de manière très importante les muscles des bras et du dos au point d’en faire un mouvement privilégié pour le renforcement musculaire du longeur. Il est tout à fait possible d’appliquer cette technique sans posséder de Longe Up. Cette action à main nue apporte de la légèreté et de la fluidité dans le geste pour une vrai sensation de glisse et d’efforts réduits.

Il n’est pas du tout question ici d’arbitrer pour savoir laquelle est la plus performante, la plus physiologique ou la moins exigeante ! L’idée est plutôt de découvrir ces différentes approches qui comme pour l’escalade où il est possible de grimper en bloc, en moulinette, en tête ou en libre… chacun pourra trouver du confort, de la glisse et du plaisir avec ces différentes techniques en longe-côte !

L’appui aquatique ne représente qu’une partie de l’action motrice du haut du corps et entre dans un cycle qui, comme pour les appuis terrestres, se décline en plusieurs phases complémentaires qui sont présentes dans chacune des manières de longer et méritent une attention :

  • Attaque : C’est le moment où l’UP (quel qu’il soit) entre dans l’eau et vient chercher à s’appuyer sur une masse d’eau.
    Il faut être vigilant à ce moment à ce que le corps soit stable, engagé et gainé pour accueillir cet appui complémentaire.
    Chaque UP implique une allonge plus ou moins importante qui ne doit pas contraindre le positionnement du corps, ainsi qu’un angle d’attaque bien précis et maitrisé. Cet instant conditionne la qualité de l’appui à suivre et est d’autant plus déterminant que le plan d’eau est agité.
  • Propulsion (traction / poussée) : On parle ici de tout ce qui nous intéresse dans ce mouvement des membres supérieurs qui vient accompagner, compléter et soutenir l’action du bas du corps. Il est possible de détailler cette phase de propulsion en deux actions de poussée et de traction plus ou moins marquées et équilibrées différemment en fonction de l’UP choisie.
    Notez que plus la surface d’appui est importante, plus la sensation de cet appui est facile à ressentir, et plus l’énergie nécessaire à mobiliser notre masse d’eau est élevée.
  • Dégagé : Il s’agit là du moment où notre UP sort de l’eau, ce qui finalise notre action de propulsion puisqu’une fois dans l’air, son action sera négligeable du point de vue de notre progression.
    Si ce geste n’est pas déterminant dans la qualité du mouvement global lorsqu’il est bien effectué, il peut devenir très pénalisant lorsqu’il est manqué. Et cela est d’autant plus vrai que la surface d’appui de notre UP est importante puisqu’on consomme alors de l’énergie qui non seulement ne nous aide pas à avancer mieux, mais peut même nous freiner.
  • Retour aérien : Nous arrivons ici à l’action qui nous permet de reproduire un nouveau cycle d’appui. Le retour aérien se fait comme son nom l’indique, hors de l’eau, afin de n’imposer aucun résistance à l’avancement. C’est un geste technique qui doit nous permettre au moins, de ne pas consommer plus d’énergie que lorsqu’on génère un appui, et au mieux, de relâcher musculairement. Comme pour le dégagé, ce mouvement n’apporte pas d’avantage direct en propulsion, mais peut représenter une forte contrainte s’il n’est pas bien réalisé.

Ces notions ne sont pas exclusives au longe côte et sont inspirées de repères largement utilisés en natation ou en aviron par exemple. Quoi qu’il en soit, la spécificité de notre activité, qui est à la fois terrestre et aquatique, nous amène des contraintes spécifiques qui légitiment le développement, avec le temps, d’une technique propre visant à la fois l’efficacité et la préservation du longeur. Ce dernier point est déterminant dans n’importe quelle activité, et c’est dans ce sens qu’une approche technique précise et un apprentissage rigoureux doivent être menés pour chaque pratiquant.

Tous ces éléments, enfin, alimentent l’idée que le Longe Côte est une activité physique, un sport à part entière avec ses repères, ses « beaux gestes », et ses points de vigilance… Et ce, quel que soit le niveau de pratique bien entendu.

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